Gastroenterology

Août 2016 Docteur Jean-Claude Debongnie

Detection of hot-spot mutations in circulating cell-free DMA from patients with intraductal papillary mucinous neoplasms of the pancreas. AW. BERGER.

GASTROENTEROLOGY 2016; 151: 267-270.

Ce bref rapport nous annonce le début des « biopsies liquides » (diagnostic des cancers par recherche de cellules néoplasiques dans le sang). Des cellules néoplasiques peuvent être retrouvées et caractérisées dans le sang de patients porteurs d’adénocarcinomes du pancréas ou de néoplasies mucineuses intrapapillaires.

 

Risk of bleeding recurrence and cardiovascular events with continued aspirin use after lower gastrointestinal hemorrhage.

GASTROENTEROLOGY 2016: 151: 271-277.

Une série de 295 patients prenant de l’aspirine ont été suivis pendant 5 ans après une hémorragie digestive basse à Hong-Kong. La comparaison entre ceux qui ont poursuivi la prise d’aspirine et ceux qui l’ont arrêtée montre que la poursuite du traitement multiplie par 3 le risque de récidive hémorragique mais que son arrêt augmente de 50% les ennuis cardiovasculaires sévères (comme l’infarctus et l’accident vasculaire cérébral) et multiplie par trois les autres causes de décès.

Gastroenterology

Décembre 2016 Docteur Jean-Claude Debongnie

How to improve your adenoma detection rate? N. GUPTA.

GASTROENTEROLOGY 2016: 151: 1054-1057.

Chaque augmentation de 1% de détection d’adénomes lors d’une coloscopie réduit de 3% le taux de cancer colorectal. Comment s’améliorer?

1ère ETAPE – Est-ce que mes patients ont une préparation de haute qualité? Un taux de préparation « parfaite » de 85% doit être atteint et mesuré avec une échelle standardisée.

2ième ETAPE – Est-ce que je passe assez de temps à examiner le colon? Le temps de retrait devrait être de plus de 6 minutes et l’allonger augmente le taux de détection.

3ième ETAPE – Est-ce que je peux améliorer ma technique? La rétroflexion dans le colon droit améliore le taux de détection. Sinon examiner deux fois le colon droit ou changer le patient de position améliore également ce taux.

4ième ETAPE – La technologie peut-elle m’aider? Différents trucs existent: endoscopes à grand angle associés à un moniteur de haute définition – chromoendoscopie – systèmes pour effacer les plis, etc…

A chacun de mesurer ses performances … et à s’améliorer.

 

Aryl hydrocarbon receptor ligands in cigarette smoke induce production of interleukin-22 to promote pancreatic fibrosis in models of chronic pancreatitis. J. XUE.

GASTROENTEROLOGY 2016: 151: 1206-1217.

Le tabac est un facteur de risque pour la pancréatite chronique dont le rôle isolé (cad sans alcool) n’est pas reconnu depuis longtemps.

La fumée de cigarette, parmi les plus de 7000 composés qu’elle contient, inclut des ligands comme la dioxine ou la benzopyrène qui stimulent la production intracellulaire d’interleukine-22, aboutissant à la production de collagène et de fibronectine chez la souris.

De plus, le taux d’IL-22 chez les patients porteurs de pancréatite chronique est plus élevé que dans le groupe contrôle, surtout s’ils sont fumeurs. Serait-ce une nouvelle méthode diagnostique de pancréatite chronique précoce?

Gastroenterology

Janvier 2017 Docteur Jean-Claude Debongnie

Breath testing for Barrett’s esophagus using exhaled volatile organic compound profiling with an electronic nose device. DK CHAN.

GASTROENTEROLOGY 2017: 152: 24-26.

Cet article court et de publication rapide montre que l’analyse des composés organiques volatiles exhalés par les patients à l’aide d’un « nez électronique » permet de diagnostiquer l’oesophage de Barrett avec une sensibilité de 81%. C’est loin d’être disponible mais c’est un premier exemple des méthodes diagnostiques futures en gastroentérologie, basé sur les produits métaboliques du microbiote.

 

Using big data to discover diagnostics and therapeutics for gastrointestinal and liver diseases. B. WOODEN.

GASTROENTEROLOGY 2017: 152: 53-67.

Encore un aspect du future! Les « big data » sont basés sur le séquençage de gènes larges bases de données, des profils d’expression génétique, de données protéomiques, métabolomiques et de dossier patients électroniques. Même en tenant compte des validations expérimentales et cliniques cela permet de raccourcir le temps entre la découverte et l’usage clinique, de mieux garantir le succès et de coûter moins cher.

Le même numéro de la revue offre deux exemples de très larges bases de données collaboratives puisque les noms des auteurs et de leurs institutions prend deux pages!

 

Effectiveness of pelvic physiotherapy in children with functional constipation compared with standard medical care. ML. VAN ENGELENBURG– VAN LONKHUYZEN.

GASTROENTEROLOGY 2017: 152: 82-91.

Cet essai randomisé du traitement de la constipation a inclus 53 enfants aux Pays-Bas et a compare le traitement classique (éducation, conseils diététiques, laxatifs) et le traitement de physiothérapie ajouté au traitement classique: Les six séances de physiothérapie comprenaient: informations, apprentissage de posture et des sensations rectales, exercices de relaxation sphinctérienne). Le traitement classique est efficace chez 63% des patients (il est donc suffisant dans 2/3 des cas), la physiothérapie est efficace dans 92% (il est donc préférable quand il est disponible).

 

Lifestyle risk factors for serrated colorectal polyps: A systematic review and meta-analysis. L. BAILIE.

GASTROENTEROLOGY 2017: 152: 92-104.

Parmi les 2446 articles relevés pour une inclusion éventuelle dans cette analyse, la cascade critique n’en a finalement retenu que 43! Les polypes festonnés (antérieurement inclus parmi les polypes hyperplasiques) sont à l’origine de 10 à 30% des cancers colorectaux. Le tabac multiplie par trois le risque de polype festonné. L’alcool, la viande et la graisse augmentent également (de 20 à 30%) le risque.

 

Similar efficacy of proton-pump inhibitors VS H2-receptor antagonists in reducing risk of upper gastrointestinal bleeding or ulcers in high-risk users of low-dose aspirin. FKL. CHAN.

GASTROENTEROLOGY 2017: 152: 105-110.

270 patients sous aspirine (<325 mg/jr) avec un passé d’hémorragie digestive due à un ulcère (gastrique dans 2/3 des cas) ont été randomisés en double aveugle, la moitié recevant rabéprazole 20 mg, l’autre moitié recevant famotidine 40 mg, tout en poursuivant l’aspirine. Une récidive d’ulcère ou d’hémorragie a été notée dans 7,9% du premier groupe, 12,4% du second – différence non significative.

 

Proton pump inhibitors increase risk for hepatic encephalopathy in patients with cirrhosis in a population study. CF. TSAI.

GASTROENTEROLOGY 2017: 152: 134-141.

Parmi une population de 1 million de taiwanais, 1166 patients cirrhotiques avec encéphalopathie hépatique ont été analysés et comparés à un groupe sans encéphalopathie. La prise d’IPP augmente de 40% le risque d’encéphalopathie et le multiplie par trois en cas de fortes doses. Encore une raison d’évaluer l’usage d’IPP chronique !

Gastroenterology

Février 2017 Docteur Jean-Claude Debongnie

A rare endoscopic clue to a common clinical condition. B. ANDERSON.

GASTROENTEROLOGY 2017 ; 152 : 492-493.

Le « colon single-stripe sign (CSSS) » est un signe rare mais hautement spécifique d’ischémie colique, confirmé par des biopsies qui montrent : cryptite – fibrose locale – sang dans la lamina propria. Ce signe consiste en une « rayure » (stripe), une ulcération linéaire de plusieurs centimètres située dans l’axe de la lumière colique.

 

Clinical practice guidelines for the use of video capsule endoscopy. RA ENNS.

GASTROENTEROLOGY 2017 ; 152 : 497-514.

Cet article résume les recommandations canadiennes concernant l’usage des vidéocapsules. Un premier message : il ne s’agit pas d’un examen de première intention ni pour l’intestin grêle ni pour le colon. Pour l’intestin grêle, l’examen n’est réalisé qu’après un bilan endoscopique classique et une imagerie du grêle (entérographie par CT de préférence – sinon entéro IRM – ou examen baryté). Pour le colon, l’examen par vidéocapsule ne doit pas remplacer en routine la coloscopie de dépistage ni celle destinée à évaluer le degré d’inflammation colique dans la maladie de Crohn (sous-évalué par la capsule). Autre message : en cas de saignement visible inexpliqué par le bilan classique (endoscopie + imagerie), il y a lieu d’utiliser la vidéocapsule dès que possbile. Un rappel : une préparation (PEG) est fortement recommandée.

 

Pathophysiology, evaluation and management of chronic watery diarrhea. M. CAMILLERI.

GASTROENTEROLOGY 2017 ; 152 : 515-532.

Dans les diarrhées chroniques (> 4 semaines), l’anamnèse – outre la liste des médicaments et le détail de l’alimentation (produits lactés – boissons sucrées etc…) – précisera les symptômes : l’association à des douleurs soulagées par la défécation orientera vers un colon irritable, la présence de ballonnements, inconfort et gaz post-prandiaux pourra suggérer une maldigestion de sucres (ex. lactose), l’urgence postprandiale un trouble moteur (ex. excès de caféine). Un screening biologique (hémogramme – ionogramme – anticorps antitransglutaminase) et fécal (sang occulte – stéatocrite – calprotectine) est indiqué. Les autres examens sont fonction du contexte. La coloscopie n’apporte un diagnostic que dans max. 15% des cas (ex. colite microscopique). Un bilan hormonal savant (cvhromogranine – VIP etc…) risque surtout d’apporter des faux positifs, des fausses pistes. Le traitement symptomatique de choix est le loperamide (jusqu’à 16 mg/jour). Le second choix est un séquestrant des acides biliaires (par ex. cholestyramine, jusqu’à 16 g/jour) qui sert en même temps de (test) thérapeutique et de test tout court en l’absence de test simple de malabsorption des sels biliaires, cause de 20% des diarrhées auqueuses.

 

Outcomes of pregnancies for women undergoing endoscopy while they were pregnant : A nationwide cohort study. JF. LUDVIGSSON.

GASTROENTEROLOGY 2017 ; 554-563.

Suite à l’épidémie de phocomélie liée à la thalidomide, prise pendant la grossesse une prudence extrême pendant celle-ci a entrainé une restriction de l’endoscopie aux situations d’urgence ou graves, si possible pendant le second trimestre, allant jusqu’à imposer à certains endroits aux USA un test de grossesse avant toute endoscopie chez une femme en âge de procréer.

Le registre national suédois a porté sur 3052 endoscopies pendant la grossesse. Il n’y a pas de risque de malformations congénitales et de mortinatalité, et le risque ne diffère pas suivant le trimestre. Un risque faible d’accouchement précoce ou de poids moindre n’est pas exclu mais serait alors faible.

Une prudence modérée reste de mise.

Gastroenterology

Juillet 2017 Docteur Jean-Claude Debongnie

Complications of proton pump inhibition therapy. MF VAEZI.

GASTROENTEROLOGY 2017; 153: 35-48.

Ces dernières années, de multiples complications ont été attribuées aux IPP qui vont de l’ostéoporose à la démence, en passant par la néphrite interstitielle, l’infarctus etc…

L’article analyse les différentes complications en fonction des critères de causalité de HILL : force de l’association – reproductibilité – spécificité – temporalité – gradient biologique – plausibilité biologique – cohérence – expérimentation – analogie. Les différentes complications ne remplissent que très partiellement les critères de causalité (à l’exception des polypes glandulokystiques gastriques). La majorité des études sont des études d’observation, avec un risque majoré de complication de moins de 1%. Néanmoins, vu le grand nombre de patients traités, il faut rappeler les règles de prudence de bon sens : utiliser la plus petite dose d’IPP nécessaire et la limiter dans le temps (tous les refluxeurs n’ont pas besoin d’un traitement chronique).

 

Increased rate of adenoma detection associates with reduced risk of colorectal cancer and death. MF KAMINSKY

GASTROENTEROLOGY 2017; 159: 98-105.

La Pologne a un programme national de screening coloscopique bénéficiant d’un registre. 146.800 coloscopies ont été réalisées par 294 endoscopistes entre 2004 et 2008. Un taux de détection d’adénomes élevé est associé à une réduction de cancer d’intervalle (càd survenant avant la coloscopie de contrôle recommandée) de 1/3. En comparant les endoscopistes maintenant ou atteignant (s’améliorant au cours du temps) les meilleurs résultats (taux de détection d’adénomes >25%) à ceux qui ne s’améliorent pas, une réduction de ¾ de cancers d’intervalle est obtenue.

 

Colorectal cancer screening: Recommendations for physicians and patients from the US multi-society task force on colorectal cancer. D REX.

GASTROENTEROLOGY 2017; 153: 307-323.

Les tests de dépistage de 1er niveau sont (à partir de 50 ans) la coloscopie tous les 10 ans ou le test immunologique fécal tous les ans. Le second niveau inclut la coloscopie virtuelle tous les 5 ans, le test fécal tous les 3 ans, la sigmoïdoscopie tous les 5 à 10 ans. L’arrêt du screening chez les personnes ayant eu un screening négatif préalable est à 75 ans ou quand l’espérance de vie est de moins de 10 ans. En l’absence de screening préalable, le screening peut être envisagé jusque 85 ans. Un screening tous les 5 ans est recommandé à partir de 40 ans (et non pas 50) en cas d’histoire familiale de cancer ou d’adénome avancé (càd >1 cm ou à composante villeuse) chez un proche, survenant avant 60 ans. En cas de cancer d’un proche après 60 ans, un screening normal est conseillé à partir de 40 ans